Quelques jets d'idées
    La marche, un rythme qui nous sied. Okay. A vélo, on glisse, vole, file! Les cuisses pistonnent quand ça grimpe et on freine des doigts.
    On a un peu d'argent, et on sait s'amuser. Le mieux, peut-être, est d'aller en Allemagne "sur le pouce", puis d'y piquer des vélos! Les Allemands sont si respectueux des lois! Et comme ils sont riches--plein de deutschmark-- la partie affective de notre conscience nous absoud. En effet, le vol est facile et rentable : pas besoin de suer pour gagner son vélo. De plus, les vélos rendent indépendants et autonomes. On a moins besoin des autres et on est donc moins ouvert sur l'extérieur. Mais nous, nous voulons nous forger le caractère à une école empathique : devenir capable de ressentir les sentiments de ceux qui nous font face.  Il nous faut donc rencontrer des gens, être dépendant d'eux, avoir besoin d'eux ! Monsieur ! Vous pouvez m'attraper la boite tout en haut  ?
    A côté des belles paroles de l'aîné forgeron, la réalité du projet est, pour l'heure, de nous divertir ! Nous avons une double destination hypothétique: Vilnius/Kerkyras--je laisse exprès des noms compliqués pour vous faire feuilleter des dictionnaires tant qu'ils existent encore. Pour Kerkyras, qui n'est pas un prénom lituanien,  il faut prendre la partie "rose" du larousse. Double horizon, mais à tout moment, nous pouvons décider de nous laisser porter par nos sens : des mirages, des moulins imaginaires, il y en a partout ! Il suffit de se mettre à rêver. Mon frère et moi sommes des pros du rêve : combien de livres et de films dévorés!
    Les voyageurs sont des pisteurs en quête de compagnie. Des cueilleurs de beauté. Des merveilles pour les yeux : tout le monde se souvient de son souffle coupé par une vaste étendue découverte depuis un promontoire culminant. Des merveilles pour les oreilles sont plus subtiles et cachées. Le nez, lui, nous procurera des sensations plus nettes--comme l'odeur de l'herbe coupée le long de l'autoroute que l'on longe en attente d'un aimable convoyeur. Le toucher, on en parle à peine. Pourtant, nous qui dormons "à la belle étoile" sur des mousses, sur des rochers rugueux, des bancs, accrochés à des branche...Pour le goût, nous revenons à un terrain foulé et jalonné: l'art humain le plus consommé.
    Prosaïquement, les forgerons voyageurs ont besoin de se dépenser, de bien suer pour se nettoyer le corps de l'intérieur, puis de se baigner pour parfaire le cycle. Une fois le processus effectué, ils s'assoient ou s'allongent et philosophent.
    La compagnie est le trésor des voyages. Comme tous les trésors, elle est surprotégée du regards des chalands de chaleur humaine--et oui, tout se vend ! Mais comme nous partons à deux, nous sommes déjà une compagnie. l'or qui brille en nous--est-ce notre joie, notre légèreté, notre fragilité ?--cet or devrait attirer pionniers et poètes.
    Nous aussi, nous partons en "expédition" ! Nous nous exprimerons, transformerons nos impressions en les projetant dans ou sur des objets et nous les exposerons à la critique! N'étant expert en rien, nous toucherons à tout, enfin j'espère. Pas de webcam sur le haut du petit sac-à-dos, mais peut-être parviendrons nous à nourrir quelque site-- le site des petits poucet?!--pour retrouver nos traces...