Une virée verte

 

            Leçon de vie. Quand vous étalez votre duvet sur l’herbe, de jour comme de nuit, inspectez le sol !

            Retardés par notre petit restaurant des bords de la Lave, serpentin de torrent à qui les gentilhommières font la cour, nous ne sommes partis à la recherche de notre équipement nocturne qu’une fois la nuit bien tombée. La forêt était méconnaissable et nous nous sommes trouvés confrontés, deux fois, à des impasses de branches enchevêtrées qui nous semblaient être des tanières d’êtres redoutables. Evitant les multiples chemins qui partagent notre nouvelle butte—nous avons un lien privilégié avec les hauteurs !–, nous avons abouti à un sommet “que nous croyions éteint”. Un feu de bois s’y épanouissait. Autour de lui, en pleine lumière, 6 ou 7 jeunes Tchèques qui ne nous avaient pas du tout entendus venir. Cachés de la lumière lunaire par un arbre, nous nous sommes interrogés, tout en les observant, sur l’opportunité de leur souhaiter un « dobri vecer » pour établir de bonnes relations entre voisins. Il n’y avait qu’une seule jeune fille parmi eux et ils semblaient boire du jus de fruit.  « Ils jouissent de l’aventure » m’explique Dadka. « Boire affûte la sociabilité et nos sens poétiques » lui ai-je rétorqué. « Nous passâmes notre chemin », ce en quoi nous avons eu tort. A dix mètres de la bouche du volcan se trouvait le chêne dont les hautes branches, inaccessibles au commun des curieux et autres voleurs, gardaient nos sacs-à-dodo.  L’ombre de la colline rendait l’ascension perceptible des doigts et des pieds plus que de l’œil. Mes mémoires visuelle et gestuelle ont fait presque tout le travail, notamment lors de l’atterrissage à la tarzan au dessus des ronces traîtresses qui rampaient sur un sol trop pentu.

            Nous avons eu tort de ne pas sceller un pacte de politesse avec les fêtards du samedi soir parce que leur présence nous a rendus un peu nerveux. Rien à craindre, bien sûr, mais la nuit, tout le monde est gris ! Nous nous sommes couchés sur des hautes herbes. Quelques minutes se sont écoulées, empreintes d’attention mi-anxieuse, mi-épanouie de se retrouver à l’horizontale après une si magnifique journée. Après quelques minutes, j’ai senti une brûlure au bas du dos, à la zone de contact avec le sol. J’ai palpé et ai pensé à une épine. Une sensation de piqûre d’ortie s’est alors répandue. Je me suis retourné et 15 minutes plus tard, re belote de l’autre côté. J’ai alors pensé à une allergie, moi qui ne connaissait ce mot que par ouie-dire. Un “nid d’araignées”, sans doute (!). J’ai déplacé ma “couche” et ne suis revenu sur terre que le lendemain. Je roulais le tapis de Doudko quand une violente piqûre m’a « ému » juste derrière le genou. Et sous mon pied, une armée de fourmis rouges ! Quel venin ! Les pauvres petites ! Quel cataclysme s’est abattu sur elles !